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L’État demande aux chefs traditionnels de ne plus épouser les filles (-18ans) pour l’exemple

L’État Nigérien multiplie les efforts dans la lutte contre le mariage précoce dans un pays où 77% des filles de moins de 18 ans sont mariées. Plutôt favorable pour le maintien des filles à l’école, le gouvernement compte utiliser les chefs traditionnels comme rempart au mariage précoce.

L’État Nigérien demande aux chefs traditionnels de donner l’exemple en prenant en mariage des filles majeures ( de plus de 18 ans).

Cette demande va en phase avec les efforts du gouvernement depuis une décennie pour lutter contre le mariage précoce et favoriser le maintien des filles le plus longtemps possible à l’école.

Cette demande a été faite aux chefs traditionnels lundi dernier par le Président Mohamed Bazoum lors de l’ouverture d’un symposium sur la transition démographique au Niger.

« Pour que vous prêchiez par l’exemple et non pas seulement par la parole, ne serait-ce pas possible qu’au terme de ce symposium vous preniez une résolution dans laquelle vous vous engagez à ce que ni sultans, ni chefs de canton, ni chefs de groupement ne prennent plus en mariage des filles âgées de moins de 18 ans ? Ça serait un exemple »

Une demande forte à la fois sensible dans un pays où les pesanteurs socio-culturelles ont la peau dure et où 77% des filles se marient avant l’âge de 18 ans au Niger.

« Ce symposium permettra, je l’espère, de sentir l’impérative nécessité de permettre aux femmes de mieux maîtriser leur vie génésique dans l’intérêt exclusif des enfants et de leur propre bien-être. Car, comme je le disais dans un de mes précédents discours, « plus nous faisons d’enfants, moins nous sommes capables de les éduquer ; et moins nous les éduquons, plus ils feront des enfants à leur tour, facteurs dans notre contexte socio -économique de retard de développement et de croissance,» a ajouté le Président Mohamed Bazoum qui précise que la croissance démographique galopante annihile les efforts de l’État dans son devoir de fournir des services sociaux de base (santé, éducation) à la population. Un défi qui agit sans doute sur le capital humain du pays.

Pour réussir son pari, l’État compte encourager les parents à laisser leurs filles dans le système éducatif le plus longtemps possible avec le projet de construction imminente d’internats pour ce derniers.

Pour cela, Mohamed Bazoum a demandé aux leaders traditionnels et religieux de faire tout « pour mobiliser vos communautés, afin qu’elles autorisent leurs filles à profiter de ces internats,» sachant que « notre but est qu’aucune fille ne renonce à fréquenter le collège, faute d’hébergement

« Personne ne peut mieux que vous rassurer les parents et les mobiliser à s’approprier ce qui est fait pour leurs enfants, pour nos enfants,» a-t-il dit à l’endroit de ces Gardiens des traditions nigériennes, capables de les utiliser « pour lever l’obstacle que peut constituer l’hébergement pour une fille qui doit fréquenter un collège dans un village qui n’est pas le sien.»
« Sous votre protection, les jeunes filles seront à l’abri des risques qui font hésiter les parents. Un père qui sait que sa fille est la protégée du Chef est assurément plus confiant pour la laisser fréquenter un collège, » a martelé le Président Nigérien.

Interrogé par nos confrères de la Deutsche Welle, Maman Mansour un chef traditionnel présent au symposium comprend la démarche du Président, mais a tenu à renvoyer L’État face à ses responsabilités. « Cette demande du chef de L’État va faire l’objet d’une concertation et d’un débat uniquement entre nous. La question du mariage et surtout l’âge du mariage est une question très sensible. Dans les livres sacrés, il n’est pas dit qu’il y a un âge pour le mariage. Nous ne sommes que 247 chefs. Si nous nous engageons à prendre en mariage une fille de moins de 18 ans, ça ne va pas changer grand-chose. C’est au gouvernement de prendre les lois et les dispositions qu’il faut pour donner à la fille le maximum de chance pour qu’elle puisse grandir. Et la solution que moi j’approuve, c’est toutes les filles à l’école. Et prendre des mesures pour que la fille se sente le devoir de réussir à l’école. »

Au Niger, la population présente un taux de croissance de 3% par an et la moitié de la population a moins de 15 ans.

 

Abdoulaye Ali

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